Kake

extrait de "Kage Judo, application martiale du Judo", aux éditions Budo

     Le Tora no Maki (cf. Judo Okuden) rassemble les techniques et l’esprit tactique d’une école d’art martial. Et si jusqu’à présent il a été fait de nombreux ouvrages sur les techniques de Judo, on aborde moins l’esprit tactique de celui-ci. Dans cet « esprit tactique » je ne parle pas des feintes, des entrées, des combinaisons ou encore des confusions… dans l’application d’une technique, mais d’un esprit de décision dans lequel on engage à fond une technique dans un but bien précis avec la capacité d’adapter la technique à la situation et à l’adversaire, tout en gardant la possibilité de changer la direction de l’attaque.

     La principale stratégie du Judo est basé sur la non agression. A partir de ce principe il en découle plusieurs autres, mais toujours avec l’idée que le combat ne commence qu’au moment  où l’adversaire nous attaque. On peut donc en déduire les situations d’études suivantes :

1. Tori attend que l’attaque de Uke soit en cours (en fin de course) pour riposter.

2. Tori riposte quand l’attaque de Uke est lancé (en milieu de course).

3. Tori riposte quand l’attaque de Uke est près à partir (en début de course).

4. Tori riposte quand Uke « arme » son attaque (au tout début de l’attaque).

5. Tori anticipe l’attaque de Uke (au moment où celui-ci la prépare).

     Ces cinq situations d’études peuvent ensuite être travaillé de deux manières différentes :

1. Uke déclenche directement et volontairement son attaque.

2. Tori fait déclencher l’attaque de Uke en créant une ouverture.

     Dans l’application martiale des techniques de judo détaillé ci-après, nous verrons différentes formes de finalisation de la projection suivant la technique utilisée et l’effet recherché. On pourra ainsi faire chuter Uke classiquement sur le dos, mais aussi lui faire effectuer une chute « sèche » à plat sur le dos, sur le ventre, voir même sur les cervicales. Par contre, pour cette dernière je rappelle expressément de ne jamais porter réellement la projection par mesure de sécurité pour le partenaire. Par contre, il est tout à fait possible de travailler ce genre de projection dans une piscine avec de l’eau au niveau de la taille. En effet, l’eau ralentissent la vitesse de projection, Uke aura le temps nécessaire de se « récupérer » avant d’entrer en contact avec le fond. 

     Lors d’une confrontation réelle, il appartient à Tori (à vous) d’évaluer correctement le type de Kake recherché en évitant au maximum les projections les plus dangereuses (tout comme le fait d’utiliser un Atemi sur un Kyusho mortel uniquement qu’en dernier recours) :

      Les Kake « classique » peuvent permettre à l’adversaire de reprendre éventuellement le combat, lorsqu’il n’y a pas de liaison debout/sol, mais ils sont rapide à effectuer et permettent de passer rapidement d’un adversaire à un autre. Par contre, bien que l’on parle de Kake « classique », on ne retient pas l’adversaire dans la chute, on le lâche dés le début du Kake afin de pouvoir faire face le plus rapidement possible à une nouvelle attaque, sans se préoccuper de l’endroit et de la manière dont celui-ci chute. Le plus souvent cette simple chute suffira pour dissuader un adversaire, qui ne sait pas chuter, de renouveler toute attaque.

      Les Kake « séché » nécessite parfois soit un mouvement supplémentaire des bras, pour faire arriver l’adversaire à plat sur le dos, soit un contretemps dus à un retrait d’une partie du corps pour dégager l’axe idéal de chute. Le but ici est de couper le soufle de l’adversaire au moment du contact avec le sol (cette méthode, suivant le dureté du sol, peut même lui faire perdre connaissance). A rappeler qu’un individu ne sachant pas chuter n’a pas le réflexe de rentrer le menton lors d’une chute, ce qui a pour conséquence de faire entrer l’arrière de sa tête en contact avec le sol (choc plus ou moins violent suivant la situation) du fait d’un non contrôle de celle-ci. Par contre, l’application de ce type de Kake nécessite souvent un temps supplémentaire par rapport à la méthode précédente (qui s’arrête au premier temps du Kake) puisque l’on doit garder un contrôle de l’adversaire jusqu’au deuxième temps du Kake (Le Kake est décomposé en trois temps : 1– Uke décolle du sol; 2– la chute est en cours; 3– Uke arrive en contact avec le sol) afin d’avoir un effet optimal. Par contre, ceci permettra de dissuader définitivement l’adversaire de toute nouvelle attaque (le temps notamment qu’il reprennent son souffle) voir même de le mettre K.O.

      Le Kake sur le ventre s’utilise principalement avec les formes ancienne des techniques (cf. Judo Okuden) car se sont les seuls qui permettent à la fois à l’adversaire de faire une rotation suffisante pour arriver sur le ventre et de le projeter vers l’arrière pour arriver au mieux à cette rotation. De plus, ces techniques permettent d’entrer directement dans l’attaque de l’adversaire, sans perte de temps. Le fait de projeter l’adversaire sur le ventre permet non seulement de le désorienter, mais aussi de le contrôler aussitôt, sans craindre de coups de la part de celui-ci. Ce type de Kake sera surtout utilisé dans un but de contrôle de l’adversaire. En effet, une fois celui-ci au sol il sera facile à Tori d’appliquer un Osae Waza, un Shime Waza, un Ude Kansetsu Waza, ou encore un Kubi Kansetsu Waza.

      Le Kake sur les cervicales ne devrait être jamais utilisé car la projection est alors définitive. Il s’agit d’une forme de Kake à utiliser avec réserve car une application réelle de ce type vous posera non seulement des problèmes avec soi-même, mais aussi d’un point de vue légal. Là encore se sont les formes anciennes de projections qui permettent le mieux d’arriver à cette finalité. Certaine forme actuelle permette aussi ce Kake mais le résultat peut être plus ou moins efficace suivant la situation d’application des projections.